" L’idée de cette ferme est d’intégrer la vie sauvage dans un milieu vidé par des années d’agriculture chimique, de l’intégrer dans le système de cultures, de répondre aux enjeux de perte de biodiversité dans un milieu anthropisé et de montrer qu’on peut nourrir l’humanité avec de vraies productions agricoles, sans pour autant détruire la diversité du vivant.
Très simplement, pour faire revenir la vie sauvage, il faut amener de l’hétérogénéité dans les pratiques agricoles : un verger diversifié, jouxtant une petite parcelle de luzerne, à coté d’une haie qui fait de l’ombre pour les bêtes, plus loin une parcelle de tournesol dans laquelle va nicher l’œdicnème, que traverse un petit ruisseau qui sert à l’irrigation du verger, sur lequel on a laissé la végétation s’étaler, au fond une bergerie agrémentée de nichoirs, une chemin pratiqué par les brebis et les tracteurs pour accéder aux parcelles, une mare pour abreuver les brebis. Chacun de ces milieux amène son cortège d’animaux, de plantes, de champignons. En multipliant les ateliers, on multiplie les habitats et on multiplie la diversité d’espèces sur la ferme.
L’idée est de faire revenir tout le monde et non pas de cibler l’une ou l’autre espèce parce qu’elle pourrait nous être utile. L’idée c’est qu’à l’opposé d’un système ultrasimplifié où tout est homogène, si un ravageur vient sur la ferme, il ne peut se multiplier, envahir et détruire une culture puisque la place est déjà prise par une myriade d’autres espèces. Le ravageur ne pourra pas saccager la culture. C’est le principe d’antagonisme. L’idée est de ne pas tout contrôler, une partie de l’exploitation est hors de notre contrôle.
Et puis on laisse évoluer librement certains espaces non cultivés, sans les nettoyer, sans les broyer, sans chercher à faire propre, en acceptant le « désordre » apparent."
Extrait littéral du site La Ferme de Grand Laval de Montélier tant il n'y a rien à ajouter